🗺️ Comment les projections façonnent notre vision du monde

🌎 De la planète bleue à la carte. Nous avons toutes et tous été biberonné·e·s en France à la carte de Mercator, créée il a cinq siècles et publiée dans nos manuels scolaires, affichée sur nos murs de classes, utilisée dans les médias. Or quand on se rappelle que toute carte est le résultat d’une projection arbitraire, on peut se questionner : à quel point cette projection influence-t-elle notre vision du monde ? Plongée dans le monde merveilleux de la projection cartographique pour notre édition Spéciale Carto !

🌓 Cônes, cylindres ou plans ? À la base, tout est une histoire de formes : les différentes approches de projection proposent de projeter notre cher globe terrestre sur un cylindre, un cône, un plan. Chacune déforme, au choix, les angles, les distances, les surfaces… Lorsque nous choisissons une méthode plutôt qu’une autre, nous privilégions donc une vision plutôt qu’une autre.

🎨 Comme un dessin vaut mille mots, nous vous proposons de jouer avec l’outil The true size of… afin de mieux comprendre les distorsions induites par une projection (ici de Mercator) : vous visualisez la taille d’un même pays en fonction d’où vous le placez sur le globe. De la même manière, ce petit simulateur d’Engaging-data vous permet de basculer facilement entre la projection de Mercator et une version où les pays ont leur “vraie” taille. Enfin, ce dernier module génère vos propres visions du monde en suivant votre choix de projection et le pays que vous voulez mettre au centre de la carte. Voyez comme la représentation qui en découle s’en trouve métamorphosée !
đź§Â Ă€ l’origine. Chaque projection rĂ©sulte d’un choix philosophique, politique ou mĂŞme purement pratique. La projection de Mercator, la plus connue et utilisĂ©e par Google Maps jusqu’en 2018, conserve le parallĂ©lisme des mĂ©ridiens et donc les angles. Pratique pour tracer des lignes droites, ️notamment pour naviguer ⛵, ce qui explique son succès Ă sa crĂ©ation au XVIe siècle, pĂ©riode des grandes explorations. Problème ? Cette projection ne respecte pas du tout la surface des pays Ă l’inverse de la projection de Gall-Peters, créée au XIXe siècle qui, elle, conserve les aires, mais pas les angles. Cette dernière aboutit donc Ă une reprĂ©sentation très “allongĂ©e” de notre monde. Les pays du Nord semblent “écrasĂ©s”, ceux du Sud “allongĂ©s”.

📍Face à la multitude. Regardez aussi les projections classiques de Robinson ou de Winkel Tripel. Aujourd’hui, la projection Equal Earth est reconnue comme la plus “équitable” face à tous ces compromis. Des projections plus originales, parfois même conceptuelles, existent comme celles interrompues de type Butterfly (de Waterman ou de Cahill par exemple). Seule limite, votre imagination !
💎 Un projet, une projection. Alors, comment choisir ? Prenez le temps de réfléchir à l’impact de votre choix et donc au message que vous souhaitez montrer. Si c’est une carte du monde, optez pour une projection équilibrée comme Winkel Tripel ou Equal Earth. Pour des échelles intermédiaires, visez des projections dédiées comme la projection de Lambert pour la France ou l’Europe, celle d’Albers pour les États-Unis. Enfin, pour la cartographie à l’échelle locale, où la visualisation de trajets par exemple est importante, la projection de Mercator reste la meilleure option.

⚡Carto engagées. Le choix de la projection représente donc un choix culturel et politique crucial car il véhicule une vision de sa place dans le monde et des forces en présence. Petit florilège avec ces cartes qui sont celles avec lesquelles grandissent les enfants chinois, brésiliens ou australiens.
POUR ALLER ENCORE PLUS LOIN
- Pas froid aux yeux ? Pour les plus téméraires, David O’Sullivan a essayé de reproduire les pires cartes du site xkcd comics, quand Daniel Huffman s’est lui amusé à concevoir les projections les plus inutiles.
- Et si on mettait les océans au centre ? La projection de Spilhaus fait ce pari, en reléguant les continents au second plan. De quoi nous décentrer !